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une ouate, qui ne tarde guère à être enlevée au moindre souffle. Le lit, formé d'un cadre de
bois sur lequel était tendu un hamac de matelot, portait encore l'empreinte d'un corps humain.
Ce hamac, qu'Eric examina à l'instant, était marqué du timbre de la Véga.
Sur une espèce de table formée d'une omoplate fossile portée sur quatre fémurs, on voyait
des miettes de biscuit de mer, un gobelet d'étain, une cuiller de bois de fabrication suédoise.
On se trouvait donc, à n'en pas douter, dans la demeure de Patrick O'Donoghan, et, selon
toute apparence, il en était sorti depuis fort peu de temps.
Etait-ce pour quitter l'île ? Etait-ce au contraire pour la parcourir ? C'est ce qu'aucun indice
ne révélait, et ce qu'une exploration du pays pouvait seule faire connaître.
Autour de l'habitation, des tranchées et des terres remuées portaient témoignage de travaux
assez actifs. Sur une sorte de plateau, qui formait le sommet de la colline, une vingtaine de
défenses d'ivoire fossile, rangées en ligne, indiquait la nature de ces travaux. C'était
évidemment des fouilles destinées à exhumer ces restes des âges disparus. Les voyageurs
s'expliquèrent que les fouilles eussent été nécessaires, en constatant que les nombreux
squelettes d'éléphants ou de mammouths gisant à fleur de terre étaient tous privés de leur
ivoire. Sans doute, le indigènes de la côte sibérienne n'avaient pas attendu la visite de Patrick
O'Donoghan à l'île Ljakow pour venir eux-mêmes en exploiter les richesses, et l'Irlandais
n'avait à peu près rien trouvé de précieux à la surface du sol. Il s'était donc vu réduit à le
creuser pour exhumer l'ivoire qui pouvait y être enfoui et dont la qualité semblait d'ailleurs
très inférieure.
Or, le jeune médecin de la Véga, comme le propriétaire de l'auberge du Red-Anchor, à
New-York, avait déclaré, que la paresse était un des traits distinctifs de Patrick O'Donoghan.
Il semblait donc peu probable qu'il se fût longtemps résigné à un travail ingrat et peu
rémunérateur. Et il était parfaitement possible qu'à la première occasion il eût quitté l'île
Ljakow. Le seul espoir qu'on eût encore de l'y trouver reposait sur le caractère très récent des
indices relevées dans la cabane.
Un sentier redescendait vers la côte par le versant opposé à celui que les explorateurs
avaient gravi. Ils le suivirent et arrivèrent bientôt à un bas-fond, où la fonte de neiges avait
formé une sorte de petit lac, séparé de la mer par une barrière de rochers. Le sentier suivait les
bords de cette eau douce et, contournant la falaise, aboutissait à un véritable port naturel. Un
traîneau était abandonné sur la grève, où l'on voyait aussi la trace d'un feu récent. Erik
inspecta le rivage avec soin, mais sans y trouver aucune marque laissée par une embarcation.
Il revenait vers ses compagnons, quand il aperçut, au pied d'un arbuste et tout près de
l'emplacement du feu, un objet de couleur rouge qu'il ramassa aussitôt.
Cet objet était une de ces boîtes de fer-blanc, extérieurement peintes en carmin, qui
renferment de la conserve de bSuf, communément appelée « endaubage », et que tous les
navires du monde emportent maintenant dans leur soute aux vivres. La trouvaille n'avait rien
d'extraordinaire au premier abord, puisque Patrick O'Donoghan avait été muni par la Véga de
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L épave du Cynthia Jules Verne
provisions de bouche. Mais ce qui parut significatif à Erik, c'est que la boîte vide portait sur
une étiquette imprimée le nom de « Martinez Domingo, Valparaiso ».
 Tudor Brown est passé par ici ! s'écria-t-il aussitôt. On nous l'a dit à bord de la Véga, son
navire se trouvait à Valparaiso, quand il lui a télégraphié d'aller l'attendre à Vancouver !&
D'ailleurs, ce n'est pas la Véga qui aurait pu laisser ici une boîte venue du Chili, et cette boîte
est toute fraîche ! Il n'y a pas trois jours, peut-être pas vingt-quatre heures, qu'elle a été vidée !
Le docteur Schwaryencrona et M. Bredejord hochaient la tête, comme s'ils hésitaient à
accepter une conclusion aussi formelle, quand Erik, qui tournait et retournait la boîte dans
tous les sens, leur montra un détail de nature à lever tous les doutes : le mot Albatros, écrit au
crayon sur le couvercle même, sans doute par le fournisseur qui avait livré l'endaubage.
 Tudor Brown est passé ici ! répéta Erik. Et pourquoi serait-il venu, sinon pour emmener
Patrick O'Donoghan ? Allons, l'affaire est claire ! Il a débarqué dans cette crique ! Ses
hommes l'ont attendu en déjeunant autour du feu ! Il est monté chez l'Irlandais et, de gré ou de
force, l'a embarqué ! J'en suis aussi certain que si je le voyais !
En dépit de cette certitude, Erik voulut explorer les environs pour s'assurer que Patrick
O'Donoghan ne s'y trouvait pas. Mais une promenade d'une heure suffit à le convaincre que le
reste de l'île était absolument inhabité. Il n'y avait pas trace de sentier, pas le moindre vestige
d'être vivant. De tous côtés, des dunes et des vallées s'étendant à perte de vue, sans aucune
végétation, sans un oiseau, sans un insecte pour en animer la solitude. Et partout des
ossements gigantesques, gisant sur le sol, comme si une armée de mammouths, de rhinocéros
et d'aurochs fût venue jadis, devant quelque effrayant cataclysme, se réfugier, pour y mourir,
sur cette île perdue. Au dernier plan, derrière ces dunes et ces vallées, un rideau de hauteurs
couvertes de neiges et de glaciers.
 Partons ! dit le docteur Schwaryencrona. Il n'y a rien à attendre d'une exploration plus
complète, et ce que nous voyons suffit à nous assurer qu'il n'aura guère fallu prier
O'Donoghan pour le décider à partir !
Avant quatre heures, la baleinière avait regagné l'Alaska, qui se remit en route.
Erik ne se dissimulait pas que ses espérances venaient de recevoir un coup décisif. Tudor
Brown ayant réussi à le gagner de vitesse, à visiter le premier l'île Ljakow, et sans doute à [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]
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